Le Col de la Ruine (février 2014)

   Depuis plusieurs jours déjà, un bruit circulait de bouche à oreille dans notre village : "on a vu des blancs, des Français, creuser la montagne... ils trouvent du cuivre !" Le simple mot de "cuivre" ravissait l’esprit du Clan, tant ce beau métal rouge était apprécié chez nous pour fabriquer toutes sortes de parures et de décorations. Les Français, nous les connaissons bien, nous avons souvent fait des échanges avec eux ; aussi, le conseil décida d'envoyer quatre hommes à leur rencontre, pour voir s'ils accepteraient de nous échanger quelques morceaux de ce merveilleux métal.

   Partis tôt le matin, chargés de nos claies de portage, nous avons marché longtemps, empruntant des chemins à flanc de montagne souvent abrupts et périlleux. Nous avons franchi des éboulements creusés par les intempéries d'un hiver particulièrement pluvieux, mouillé nos mocassins en traversant les ruisseaux alimentés par les nombreuses cascades tombant des parois rocheuses, pour enfin arriver à l'endroit prévu. Il s'agissait d'un grand plateau circulaire entouré, d'une part, de hautes montagnes aux sommets enneigés, d'autre part,  par le Bois des Terres Inconnues à l'Est, agrippé au flanc vertigineux de la montagne, et enfin, au Nord, par le gouffre de la vallée. Nous apercevons au loin le premier bâtiment de la mine : une grande maison à étages, faite de lourds moellons et de poutres taillées dans des arbres. Pourtant, en se rapprochant, une lourde déception s'abat sur nos épaules : le majestueux bâtiment est en ruine. Il devient évident qu'il y a bien longtemps que l'endroit a été déserté.

Dépités mais riants de la bonne "farce", nous décidons de monter le campement pour la nuit. Les corvées d'eau et de bois sont faites et une fois le feu allumé, nous nous installons dans notre wigwam afin de dévorer un repas frugal composé de galettes de maïs, de viande séchée et de fruits secs. Tandis que le froid s'installe à l'extérieur, la soirée sera utilisée pour discuter du meilleur chemin à prendre pour le retour. Les chouettes ont remplacées les vautours de l'après-midi. La nuit est calme, aidant à un repos bien mérité !

Fin